L’oeil malicieux sous le feutre à larges bords, la verve agile et la barbe fleurie, Eugène Villon était destiné à devenir peintre.
Né à La Haye d’un père francais et d’une mère hollandaise, il vécut tout d’abord en Hollande où il étudia la peinture et le dessin ,ce qui ne manque pas de donner à ses propres tableaux une coloration d’un réalisme pétique intimiste et chaleureux.

Avec sa mère, véritable complice, ils s‘installérent ensuite a Nice où Eugene suivit l’enseignement d’Auguste Clément, Joseph Herst, à l’école des Beaux Arts. Pétri de l’école flamande et élève plus que doué, il obtint sa premiere commande à l’âge de seize ans, quand on lui confia la décoration murale du grand théatre de Genève.

ll s’installa à Lyon vers 1900, fit de la retouche photographique puis se fit remarquer chez Arnaud, lorsqu’il créa toute la série des menus de la Bénédictine. S’il est d’abord un excellent peintre d’atelier, il s’adonne volontiers à l’aquarelle .

ll rechercha et mit au point un procédé d’exécution qui n’appartenait qu’à lui et qui permettait de donner à ses oeuvres de peinture à l’eau la puissance de l’huile. Eugène Villon fait de l’aquarelle sa matière; il sait maîtriser les effets, retrouve les transparences.Il saisit l’essentiel de chacun, l’air malicieux du » vieux fumeur » d’Yssingeaux et la marque de la souffrance des silices au visage de la « béate ».

Eugène Villon séjourne au Maghreb où il excelle dans l’évocation des souks et mosquées .Avec les traits du » vieil arabe  » avec son rictus complice et les traits racés et ombrés de la jeune Nord-dévoilée , Villon dépasse les simples apparences.

Eugène Villon est connu à Lyon mais aussi dans les nombreuses villes d’Europe où il se rend pour travailler : Amsterdam,Bruxelles, Bruges,Strasbourg, Venise, Nice.Il se rend aussi en Afrique du Nord mais aussi dans de nombreuses régions : La Bretagne, la Corse, le Midi, la Savoie et l’Auvergne.


En 1908, le sous-secretaire d’état Dujardin-Beaumetz lui achète quelques oeuvres au Salon d’automne de Lyon. Très apprécié, il exposa régulièrement à la S.L.B.A dont il devint membre du jury de 1913 a 1945. En 1926 il entra au comité d’administration de la Société Lyonnaise des Beaux Arts et c’est en 1939 qu’il en devint vice-président iusqu’en 1944.

Comme de nombreux artistes lyonnais, Eugène Villon partit aussi pour la capitale où il exposa la première fois au Grand Palais en 1907, dans le cadre du salon de la Société des Artistes Français dont il devint membre associé.

Il fut membre de la société des Orientalistes où il exposa de 1910 à 1943.

Eugène Villon, officier de l’instruction publique et officier d’Académie, fut fait chevalier de la Légion d’honneur en 1937. Cette décoration lui fut remise par le président Albert Lebrun.

La critique put alors écrire sous la plume de J.Etievant : « Je ne crois pas qu’un artiste soit à ce point aussi près que lui de la maîtrise absolue et de la perfection ».

Sa rencontre avec Antoine Barbier fut décisive car elle aboutit à la création de la Société des Aquarellistes Lyonnais en 1934.

En 1951 il s’éteignit en pleine gloire, laissant une oeuvre considérable faite de peintures, aquarelles, gravures et dessins, ainsi qu’une fille peintre, Mme Chambard Villon, héritière d’une technique et d’une mémoire régionale.

En 2020, la mairie de Caluire crée un nouvel espace d’exposition permanente qui lui est dédié : https://www.ville-caluire.fr/actualites/un-nouvel-espace-dedie-au-peintre-eugene-villon-1879-1951